Picture Organic Clothing s’engage dans la réduction des emballages

AUTEUR : Olivier Guyot

PUBLIÉ LE : 16 juil.2020


Le raphia plutôt que le plastique : telle est l’option choisie par Picture Organic Clothing pour la saison printemps-été 2021. La marque d'outdoor française ne prépare cependant pas une nouvelle collection de tee-shirts, mais s'attèle à l’utilisation d'emballages plus respectueux de l'environnement pour le stockage et l'envoi de ses produits.

Picture Organic opte pour le raphia plutôt que le plastique pour emballer ses t-shirts l'année prochaine - Picture organic Clothing

Picture Organic opte pour le raphia plutôt que le plastique pour emballer ses t-shirts l'année prochaine - Picture organic Clothing

Depuis 2008, le label français fondé à Clermont-Ferrand développe son offre en intégrant des matières responsables, comme le coton bio ou le polyester recyclé. La marque, qui réalisait 23 millions d'euros de chiffre d'affaires l'an dernier, développe même ses propres matériaux pour ses combinaisons de ski ou de surf et vise à pousser les matériaux bio-sourcés pour ses collections techniques. Une approche que les dirigeants, Julien Durant, Jérémy Rochette et Vincent André, ont appuyée et qui a permis à la société d’obtenir le label "B-corp" d’entreprise engagée socialement et environnementalement.

Aujourd’hui, comme dans la majorité des marques réalisant plusieurs millions de chiffre d’affaires et ayant une activité internationale, Picture emballe chaque produit dans des sacs plastiques uniques, aussi appelés polybags. Une pratique qui va évoluer à partir de l’année prochaine.

"Les caristes vont rouler les tee-shirts et les sweats et les bloquer avec un raphia. Ensuite, les produits seront placés dans un seul polybag (sac plastique, ndlr) par carton. Nous allons l’appliquer pour tous nos produits qui sortiront des usines, par exemple en Turquie. Cela devrait permettre une réduction de 64% de l’utilisation des polybags, explique Florian Palluel, responsable RSE de Picture Organic Clothing. Nous partons de 0, il s’agit d’un premier pas pour nous. On sait par exemple que c’est un challenge à réaliser cela sur les produits blancs ou encore les vestes de ski. Sur les produits à forte valeur ajoutée, c’est plus complexe. Pour l’automne-hiver, nous avons tout de même trouvé un moyen de réduire l’utilisation avec une autre manière de plier les produits."

Car si l’industrie de l’habillement a massivement adopté l’utilisation des polybags, c’est avant tout pour leur aspect pratique. Les produits sont ainsi plus faciles à manipuler, protégés des taches mais aussi des moisissures ou des odeurs. Les habitudes de l’industrie et notamment de la logistique sont donc bien ancrées et difficilement flexibles.

Pour autant, l’outdoor semble en passe de changer la donne sur le sujet car un signal fort vient d’être donné outre-Atlantique. Le géant de la distribution sport et outdoor américain REI, qui a récemment annoncé boycotter le groupe Facebook ou s’est toujours montré opposé aux promotions du Black Friday, a posé de nouvelles bases. Le groupe, qui s’est appliqué cet objectif de réduction des polybags individuels à son propre réseau, demande à ses marques partenaires de jouer le jeu… et appliquera une pénalité à celles qui ne le feront pas pour assumer les coûts de manipulation et de recyclage de ces plastiques.

REI est un des acteurs majeurs de la distribution de marques outdoor et va pénaliser les marques qui n'entreront pas dans une stratégie de diminution des polybags - REI

REI est un des acteurs majeurs de la distribution de marques outdoor et va pénaliser les marques qui n'entreront pas dans une stratégie de diminution des polybags - REI

Nul doute que les acteurs de l’outdoor tenteront de répondre à cette attente et de lever les freins. "Cela demande de beaucoup dialoguer avec les partenaires logistiques, explique Florian Palluel. La plupart ne sont pas organisés aujourd’hui pour manipuler des produits qui ne sont pas sous plastique. Cela signifie, chez les partenaires comme dans notre propre base logistique, que l’entrepôt soit hyper propre, que les opérateurs aient les mains propres. Cela implique de prendre plus de temps et c’est une énorme évolution dans l’approche. Nous regardions comment développer cela et l’annonce de REI nous a confirmé. Nous avons pu échanger avec PrAna et TenTree (marques américaine et canadienne, ndlr) qui avaient avancé sur ce terrain et nous ont partagé leurs bonnes pratiques sur ce sujet. Ce qui est intéressant pour les partenaires logistiques c’est qu’ils travaillent avec d’autres acteurs du secteur. Et s’ils ont cette prestation pour nous, ils pourront la réaliser pour d’autres. C’est une valeur ajoutée pour eux."

Mais même sans enclencher de modifications majeures de l’organisation logistique, de premiers pas sont faciles à mettre en place par tous les acteurs de l’habillement. Une simple analyse de l’utilisation de ses emballages uniques peut permettre une action concrète. "Pour l’automne-hiver 2020/21, nous avons analysé les packages que nous envoyons directement aux revendeurs, explique Florian Palluel. Par exemple, nous avions des lots de trois bonnets. Chaque bonnet était dans un emballage puis les trois étaient dans un grand polybag. Cela ne faisait pas de sens. En supprimant ces emballages et en adoptant de meilleures façons de plier les produits, nous avons déjà réduit de 20 % l’utilisation des polybags."

Après l’utilisation du raphia pour enrouler les produits de la collection été, le défi sera donc pour la marque de trouver la solution adaptée pour appliquer ce principe aux vestes, pantalons et combinaisons de ski pour les prochaines saisons. 

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